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Conjoncture : la grande reprise du BTP en Afrique

Porté par une croissance plus vigoureuse et par des besoins toujours aussi massifs, le secteur du BTP repart de l’avant sur tout le continent et devrait croître de 5,6 % cette année. Avec la Chine en maître d’œuvre. — JEUNE AFRIQUE

Ouverture du chantier du stade olympique de Diamniadio, au Sénégal, premiers coups de pelleteuse du barrage de Nachtigal, au Cameroun, rénovation du pont Houphouët-Boigny, à Abidjan, début de l’édification, à Nairobi, des huit tours de logements de River Estate, porté par un milliardaire chinois… En cette mi-2019, le continent semble en travaux partout. Après une relative stagnation ces dernières années, 2018 a marqué un vrai décollage du BTP.

Ce que le consultant Deloitte relevait dans son étude « Africa Construction Trends 2018 », qui recense les projets de plus de 50 millions de dollars. Cumulés, ceux-ci atteignent 471 milliards de dollars, un bond de 53,3 % sur un an. Quant au nombre de chantiers, 482 (contre 303 en 2017), il affiche, lui, une hausse de 59,1 %

« C’est la croissance la plus forte depuis que nous réalisons cette étude, née en 2012. Il s’agit aussi d’un record en valeur », assure Rajiv Sharma, directeur senior chez Deloitte Afrique de l’Est à Nairobi, pour qui, « à l’exception de l’Afrique de l’Ouest et sur le seul critère de la valeur en raison d’un redémarrage assez lent au Nigeria, toutes les régions ont connu en 2018 une hausse à la fois du nombre de projets et de la valeur de ceux-ci ».

 

Développement de la promotion immobilière

En ce qui concerne les secteurs, l’énergie et les infrastructures de transport comptent parmi les principaux pourvoyeurs de travaux. Ils pèsent, à parts à peu près égales, 47,1 % de la valeur des projets identifiés par Deloitte. Ils restent toutefois précédés par l’immobilier commercial, industriel et résidentiel, qui s’arroge plus d’un quart de la valeur des chantiers. De fait, les projets de villes ou de quartiers nouveaux, comme Diamniadio, près de Dakar, Eko Atlantic, à Lagos ou Yennenga, près de Ouagadougou font florès.

BTP : Expension des infrastructures africaines
Construction d'immeuble en afrique

L’Afrique de l’Est en tête quant au nombre de projets

Ce dynamisme est confirmé par François Farges, directeur international de l’entreprise de travaux publics Razel-Bec, filiale du français Fayat, qui emploie environ 4 000 personnes sur le continent, dont 1 000 en Côte d’Ivoire et, surtout, 2 200 au Cameroun. Dans ce dernier pays, « le niveau d’activité est bon, tiré notamment par les travaux liés à la CAN, même si celle-ci a été finalement déplacée en Égypte. En Côte d’Ivoire, les affaires sont assez dures, mais un grand nombre de projets y voient le jour ».

Hormis le Cameroun, où le groupe mène d’importants chantiers routiers autour de Douala, Razel-Bec vient de moderniser l’aéroport de Maputo, au Mozambique, et conduit par exemple des travaux hydrauliques au Sénégal. Il s’attend à ce que le secteur reste dynamique dans les zones où il est présent, qu’il cherche à étendre à l’Afrique de l’Est, très allante. De fait, l’est du continent figure en tête quant au nombre de projets (28,8 %), selon Deloitte, devant l’Afrique du Nord, qui, avec 22,6 % des chantiers, s’affiche leader en matière de valeur (31,5 % du total).

Dans ce contexte porteur, la vigueur du BTP va se renforcer en Afrique subsaharienne, jugeait le cabinet britannique GlobalData fin 2018 dans ses prévisions, confirmées à JA ces derniers jours. « Après une croissance que nous estimons à 4,4 % en 2018, le secteur devrait connaître une accélération – à 5,6 % cette année et à 6,2 % environ l’an prochain –, portée par le domaine des infrastructures, l’expansion de l’exploitation pétrolière ainsi que de meilleures conditions climatiques », prédit l’économiste égyptienne Yasmine Ghozzi, de GlobalData.

Avec une tendance nouvelle : le développement de la promotion immobilière privée pour les logements intermédiaires ou supérieurs, en marge de l’offre de grands ensembles de type HLM ou de condominiums de luxe. « En Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est, il y a un boom de la demande de logements individuels de qualité, tirée par la classe moyenne et aussi par la diaspora », témoigne le Togolais Yao Attignon, fondateur de la start-up Wizodia.

Installée en région parisienne, cette jeune pousse représentée au Cameroun, au Togo et bientôt en Côte d’Ivoire surfe sur cette tendance en qualifiant des promoteurs locaux et en assurant un suivi des chantiers pour les membres de la diaspora voulant investir au pays.

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